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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/249

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guna : en effet, le monde entier n’a pas de canton où la température de l’air soit plus douce, ni de perspective plus riante que celle qu’on a du centre de cette plaine.

En 1652, des marchands anglais voulurent visiter le pic ; ils partirent d’Orotava, ville située à une demi-lieue de la côte septentrionale de l’île de Ténériffe. Leur marche ayant commencé à minuit, ils arrivèrent à huit heures du matin au pied de la montagne, où ils s’arrêtèrent sous un grand pin pour s’y rafraîchir jusqu’à deux heures après midi ; ensuite continuant leur chemin au travers de plusieurs montagnes sablonneuses et stériles, sans y trouver un seul arbre, ils eurent beaucoup à souffrir de la chaleur jusqu’au pied du pic, où ils ne trouvèrent pour abri que de gros rochers, qui semblaient y être tombés de quelque partie de la montagne.

À six heures du soir, ils commencèrent à monter le pic ; mais, après avoir marché l’espace d’un mille, ils trouvèrent le chemin si difficile pour les chevaux, qu’ils prirent le parti de les laisser derrière eux avec leurs domestiques. Pendant ce premier mille quelques-uns des voyageurs ressentirent des faiblesses et des maux de cœur. D’autres furent tourmentés par des vomissemens et des tranchées ; mais ce qui parut encore plus surprenant, le crin des chevaux se dressa. Ayant demandé du vin, qu’on portait dans de petits barils, ils le trouvèrent si froid, qu’ils n’en purent boire sans l’avoir