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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/303

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mais qu’ils étaient liés par un autre article portant que, si quelqu’un de la troupe proposait quelque chose qui tendit à la séparation, ou qui marquât quelque envie de se retirer, il serait poignardé sur-le-champ sans autre formalité. Il ajouta que, jusqu’au moment où le pilote de Roberts avait déclaré que son maître connaissait parfaitement les côtes du Brésil, Russel avait témoigné de l’inclination à le servir, et qu’il avait parlé de le dédommager de la perte de son blé et de son riz en lui formant une petite cargaison de toiles, d’étoffes, de chapeaux, de souliers, de bas, de galons d’or et de quantité d’autres marchandises que les pirates gardaient dans la seule vue de les donner à ceux qu’ils prenaient, lorsqu’ils les avaient déjà connus et qu’ils se sentaient pour eux de l’amitié ; mais que, Russel ayant changé de disposition, ce serait peut-être en vain que Lo prendrait les intérêts de Roberts, parce que Russel, ayant été deux fois général, avait conservé beaucoup d’ascendant sur toute la troupe, et que d’ailleurs il avait toujours traité les prisonniers avec moins de ménagement que Lo.

Aussitôt que cet iomme eut quitté Roberts, Lo parut, lui parla de plusieurs sujets différens. Roberts fut obligé de soutenir gaiement une conversation fort fatigante, car les pirates prennent un air d’autorité si absolue, qu’au moindre mécontentement ils outragent leurs prisonniers de coups et de paroles, et le plus vil de la troupe s’en fait quelquefois un amusement. Rus-