Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en fort mauvais état. « Hélas ! répondit-il, elle fait eau de tous les côtés. Elle fait eau ? reprit Russel ; qu’en feriez-vous donc si elle vous était rendue ? d’ailleurs vous êtes sans matelots, car à présent tous les vôtres sont à nous ; » et, continuant de lui représenter ses besoins, il s’efforça long-temps de lui faire sentir sa misère. Ensuite : « Venez, venez, lui dit Lo ; nous examinerons votre affaire en recommençant à boire. » On apporta du punch en abondance, et chacun se mit à parler de ses expéditions passées, à Terre-Neuve, aux îles de l’Amérique, aux Canaries. L’heure du dîner étant arrivée, Lo les invita tous. On leur servit des viandes qu’ils s’arrachèrent de la main l’un de l’autre comme une troupe de chiens affamés ; c’était, disaient -ils, un de leurs plus grands plaisirs, et rien ne leur paraissait si martial.

Le jour suivant, un des trois matelots qui avaient parlé la veille à Roberts vint lui faire des excuses de leur peu d’empressement, qu’il rejeta sur un des articles de leur société, par lequel il était défendu, sous peine de mort, d’entretenir des correspondances secrètes avec un captif. Il lui apprit qu’il n’avait pas beaucoup à se louer de son pilote; qu’il le croyait disposé à prendre parti avec les pirates, et que le reste de ses gens ne lui était pas plus fidèle ; de sorte que, si on lui rendait sa felouque, il ne lui resterait que son valet et un mousse pour la conduire ; qu’il aurait souhaité, lui et ses compagnons de pouvoir lui offrir leurs services ;