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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/307

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anéantit toute sorte de droits. Dites-moi, conclut Russel, si nous ne faisons pas la même chose lorsque nous vous donnons ce qu’il dépend de nous de brûler ? »

Lo et tous les spectateurs semblaient prendre plaisir à cette dispute ; mais Roberts, s’apercevant que le ton de son adversaire devenait plus aigre, brisa tout d’un coup en déclarant qu’il reconnaissait à la troupe le pouvoir de disposer de lui ; mais qu’ayant été traité jusqu’alors avec tant de générosité, il ne faisait pas moins de fond sur leur bonté à l’avenir ; que, s’il leur plaisait de lui rendre sa felouque, c’était l’unique grâce qu’il leur demandait, et qu’il espérait par un travail honnête de réparer ses pertes présentes. Lo, touché de ce discours, se tourna vers l’assemblée : « Messieurs, dit-il, je trouve que ce pauvre homme ne propose rien que de raisonnable, et je suis d’avis qu’il faut lui rendre sa felouque. Qu’en pensez-vous, messieurs ? Le plus grand nombre répondit oui, et le différent fut ainsi terminé. »

Vers le soir, Russel voulut traiter Roberts sur son bord avant leur séparation. La conversation fut d’abord assez agréable. Après le souper, on chargea la table de punch et de vin. Le capitaine prit une rasade et but aux santés de la troupe. Roberts n’osa refuser cette santé. On but ensuite à la prospérité du commerce, dans le sens des avantages qui devaient en revenir aux pirates. La troisième santé fut celle