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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/336

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laisser la liberté d’écrire. Le prince Thomé avait eu soin de lui prendre tous ses papiers, sous prétexte de les conserver jusqu’à son rétour ; mais les Nègres étant persuadés que les blancs sont autant de fittazars ou de sorciers, s’imaginent que le diable ou quelque génie est toujours prêt à leur fournir les commodités dont ils ont besoin. Enfin il était arrivé à la cour du roi de Bembolou, où la vue du bâton d’état l’avait fait recevoir avec beaucoup de civilité et d’affection. Il y avait fait l’admiration du roi et de tout son peuple, qui n’avaient jamais vu d’Européens dans leur ville.

Roberts ayant remarqué pendant le discours de Franklin que les Nègres qui étaient autour de lui l’écoutaient fort attentivement, leur demanda s’ils avaient compris quelque chose à son récit : ils lui dirent que non ; mais qu’ils admiraient que le seigneur Carolo (ils donnaient ce nom à Franklin) eût trouvé le moyen de lui parler dans une langue qu’ils n’entendaient pas. Franklin leur apprit alors qu’il était du même pays que Roberts. Une nouvelle si surprenante fut répandue aussitôt dans toute l’assemblée. Ils venaient tous prier Roberts de la confirmer de sa propre bouche, parce qu’ils ont pour principe de ne pas s’en rapporter au témoignage d’autrui, lorsqu’ils peuvent employer celui de leurs propres sens.

L’impatience de Roberts était de voir leur ville. Franklin lui en avait représenté le chemin comme inaccessible par la multitude de rochers