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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/363

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partie des habitans de la ville est composée de Portugais ; mais, dans le reste de l’île, le nombre des Nègres l’emporte de vingt pour un. Fryer dit que les naturels du pays sont d’un beau noir ; qu’ils ont les cheveux frisés, qu’ils sont de belle taille, mais si voleurs et si effrontés, qu’ils regardent un étranger en face tandis qu’ils coupent quelque morceau de son habit ou qu’ils lui prennent sa bourse. Leur habillement, comme leur langage, est une mauvaise imitation des Portugais. Celui qui peut se procurer un vieux chapeau garni d’un nœud de rubans, un habit déchiré, une paire de manchettes blanches et des hauts-de-chausses, avec une longue épée, quoique sans bas et sans souliers, marche d’un air fier en se contemplant ; il ne se donnerait pas pour le premier seigneur du Portugal.

Tous les voyageurs conviennent que rien ne se vend si bien dans cette île que les vieux habits. Owington dit que c’est la marchandise la plus courante, et celle dont la vanité des habitans n’est jamais rassasiée. Aux vieux habits Cornwal ajoute les couteaux et les ciseaux, qui rapportent plus de profit que l’argent comptant. Beckman a vu les habitans de San-Iago accourir au port, avec leur volaille et ce qu’ils ont de meilleur, disputer entre eux la préférence pour un couteau de deux sous, et pleurer de chagrin en le voyant donner à celui dont les Anglais agréaient la marchandise. Autrefois ils avaient chez eux un célèbre marché d’esclaves , qui étaient transportés im-