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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/95

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des voyages

verts de calicot jusqu’aux genoux, avec une espèce d’étole à leur cou, passée en sautoir, secouaient sur ceux qui entraient une éponge trempée dans une fontaine, et leur donnaient ensuite de la cendre. Ils virent au sommet d’une petite tour une image que les Indiens appelèrent devant eux Marie. Ils se prosternèrent aussitôt, croyant honorer la mère de Jésus-Christ ; mais un Portugais, nommé Juan de Sala, qui ne voulait rien faire légèrement, dit tout haut en se mettant à genoux : « Au moins, si c’est la figure du diable, mes adorations ne s’adressent qu’à Dieu ; » ce qui fit beaucoup rire Gama.

Pendant toute la route, l’amiral portugais avait été suivi d’une multitude extraordinaire d’Indiens ; mais elle n’approchait pas de celle qui vint à sa rencontre aux portes de la ville. La foule était si prodigieuse, que Gama ne put s’empêcher d’en marquer son étonnement ; et la presse était si forte, qu’on ne pouvait plus avancer sans risquer d’être étouffé. Le catoual le fit entrer dans une maison où il trouva son frère et plusieurs naïres envoyés par le samorin pour diriger et faciliter la marche. Elle commença par les trompettes. Quoique la foule ne fût pas diminuée, à peine le frère du catoual eut-il paru avec l’ordre du samorin, qu’elle se retira en arrière aussi respectueusement que si ce prince eût paru lui-même. L’amiral se remit en marche avec un cortége de trois mille hommes armés. Il disait à ses com-