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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/96

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histoire générale

pagnons, dans le transport de sa joie : « On ne s’imagine guère en Portugal qu’on nous fasse ici tant d’honneur. »

Il ne restait guère qu’une heure de jour lorsqu’il arriva au palais du samorin. Cet édifice, quoique bâti de terre, était fort spacieux, et formait une perspective agréable par la beauté des jardins et des fontaines dont il était environné. Un grand nombre de caïmals et d’autres seigneurs indiens se présentèrent devant le palais pour recevoir l’ambassadeur de Portugal : c’est sous ce titre qu’il était annoncé partout. À la dernière porte, il trouva le grand-prêtre, chef des bramines du roi, qui vint l’embrasser. Ce vieillard introduisit Gama et tous ses gens dans le palais ; mais la presse fut alors si violente, par le désir qu’on avait de voir le roi, qui se montrait rarement en public, qu’il y eut quantité d’Indiens écrasés, et que deux Portugais faillirent d’avoir le même sort.

La grande salle du palais où l’amiral fut introduit était entourée de siéges en forme d’amphithéâtre, et couverte d’un grand tapis de velours vert. Les murs étaient tendus de riches tapisseries de soie de diverses couleurs. Au fond de la salle paraissait le samorin, élevé sur une estrade richement ornée, à quelque distance de ses courtisans, qui étaient debout. Son habillement a été décrit par les historiens. Peut-être ces détails ne sont-ils pas fort attachans par eux-mêmes ; mais, dans ces premiers momens d’une grande découverte, tous les