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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/97

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usages d’un pays lointain intéressent la curiosité du nôtre. On veut avoir une idée de la magnificence indienne, qui depuis a tant ajouté à celle de l’Europe. Cette description d’ailleurs tient à la connaissance des arts de la main qui exerçaient l’industrie de ces peuples, et des richesses que produisait leur sol. Nous dirons donc que l’habit du samorin était une robe courte de calicot, enrichie de branches et de roses d’or battu. Les boutons étaient de grosses perles, et les boutonnières de traits d’or. Au-dessous de l’estomac il portait une pièce de calicot blanc qui tombait jusque sur ses genoux. Sur la tête il avait une espèce de mitre couverte de perles et de pierres précieuses. Ses oreilles et les doigts de ses pieds et de ses mains étaient aussi chargés de perles et de diamans, et ses bras et ses cuisses, qu’il avait nus, l’étaient de bracelets d’or, il avait près de lui, sur un guéridon d’or, un bassin du même métal, où était le bétel qu’un de ses officiers lui servait, préparé avec de la noix d’arek. Il crachait dans un vase d’or, et prenait de l’eau dans une fontaine d’or pour se laver la bouche, après avoir pris le bétel. Tous les assistans se couvraient la bouche de leur main gauche, de peur que leur haleine n’allât jusqu’au roi, devant qui c’était un crime d’éternuer ou de cracher.

L’amiral, approchant du samorin, fit trois révérences, et leva les mains au-dessus de sa tête suivant l’usage du pays. Ce prince jeta sur