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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/115

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tervalles. Ils leur rendaient leurs visites, lorsqu’ils en obtenaient la permission du gouverneur. Leur patience se soutenait dans les plus grandes peines, assez contens de jouir d’une bonne santé, et de ne pas manquer du nécessaire dans le cours d’un si long esclavage.

En 1666, ils perdirent ce bon gouverneur, qui fut élevé aux premières dignités de la cour en récompense de ses vertus. Il avait répandu ses bienfaits sur toutes sortes de personnes, pendant deux ans d’une heureuse administration qui lui avait gagné l’affection de tout le monde, et l’estime de son maître, ainsi que celle de la noblesse. Il avait réparé les édifices publics, augmenté les forces maritimes, etc. Après son départ, la ville demeura trois jours sans gouverneur, parce que l’usage accorde ce temps au successeur pour choisir, avec le secours de quelque devin, un moment favorable à son inauguration. Ce choix ne fut pas heureux pour les Hollandais. Entre plusieurs mauvais traitemens, leur nouveau maître voulut les faire travailler continuellement à jeter de la terre en moule. Ils rejetèrent cette proposition, sous prétexte qu’après avoir rempli leur devoir, ils avaient besoin de leur temps pour se procurer de quoi se vêtir et satisfaire à leurs autres nécessités ; que le roi ne les avait point envoyés pour un travail si rude, ou que, s’ils devaient être traités avec cette rigueur, il valait beaucoup mieux pour eux renoncer à la subsistance qu’on leur accordait, et demander