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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/116

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d’être envoyés au Japon, ou dans quelque autre lieu fréquenté par leurs compatriotes. La réponse du gouverneur fut une menace de les forcer d’obéir ; mais il n’eut pas le temps d’exécuter ses intentions : quelques jours après, tandis qu’il se trouvait à bord d’un fort beau vaisseau, le feu prit par hasard à la chambre des poudres, qui était située devant le mât, et fit sauter la proue, ce qui coûta la vie à cinq hommes. Il se dispensa d’en donner avis à l’intendant de la province, dans l’espérance que cet accident demeurerait caché. Malheureusement pour lui, le feu avait été aperçu par un des espions que la cour entretient sur les côtes, comme dans l’intérieur du royaume. L’intendant, qui en fut averti par cette voie, se hâta d’en rendre compte au souverain : le gouverneur fut rappelé immédiatement, et condamné au bannissement perpétuel, après avoir reçu quatre-vingt-dix coups sur les os des jambes.

Les Hollandais virent arriver au mois de juillet un nouveau gouverneur, mais sans obtenir dans leur sort le changement qu’ils avaient espéré. Il exigea d’eux chaque jour cent brasses de natte. Lorsqu’ils lui représentèrent que c’était leur demander l’impossible, il les menaça de trouver quelque occupation qui leur conviendrait mieux. Une maladie qui lui survint l’empêcha d’exécuter son projet ; mais, outre leur devoir ordinaire, ils demeurèrent chargés du soin d’arracher l’herbe dans la place du Pé-