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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/309

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en parlèrent après Marc Pol n’ajoutèrent pas beaucoup à nos connaissances.

Le P. Antoine d’Andrada, jésuite portugais, pénétra dans le Thibet en 1625. Il y arriva par le Gherval et le Kémaon, provinces du nord de l’Indoustan. Son objet était de prêcher la religion chrétienne. Sa relation contient un tableau si fidèle du pays montagneux qui se trouve entre l’Indoustan et le Thibet, qu’elle mérite d’être présentée au lecteur. Dans sa relation adressée au P. provincial de Goa, le missionnaire raconte que, parti de Delhy, au mois d’avril, avec un frère et deux domestiques, il changea d’habillement, ainsi que ses compagnons, pour n’être pas reconnu, et se hâta de sortir des terres du grand Mongol, au risque d’être arrêté par les gardes des frontières qui les prenaient tous pour des fuyards. « Nous commençâmes donc, dit-il, à gravir ces hautes montagnes, qui n’ont peut-être pas leurs pareilles sur le globe. Dans certains endroits, le passage est si étroit, que l’on ne peut mettre qu’un pied devant l’autre. Les rochers sont si droits, qu’on les croirait alignés au cordeau ; la rivière de Ganga (le Gange) coule à leur pied, comme dans un abîme ; l’immense quantité d’eau qu’elle roule parmi ces rochers et ces précipices, fait un bruit affreux répété par les échos, ce qui augmente encore l’effroi du voyageur tremblant sur un sentier étroit. Si la montée est difficile, la descente est encore