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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/63

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animaux sauter un mur de la hauteur d’un homme, prendre un porc qui pesait environ cent livres, le charger sur ses épaules, repasser le mur avec sa proie, et gagner promptement un bois voisin. En hiver, comme ils descendent des montagnes dans les villages qui ne sont pas fermés d’un mur, tous les habitans se retirent de bonne heure, et munissent soigneusement leurs portes. Navarette se trouvant un jour dans un village où l’on prenait ces précautions, observa que les tigres s’approchaient des maisons avant que la nuit fût tout-à-fait obscure, poussant des cris effroyables, et qu’à peine était-on tranquille dans l’enceinte des murs : cependant les Chinois ne se donnent pas beaucoup de peine pour les prendre, quoique d’ailleurs ils estiment beaucoup leur peau.

Suivant les Chinois, il se trouve dans la province de Chen-si une espèce d’animaux nommés gin-hiang, c’est-à-dire homme-ours. Ils marchent sur deux jambes ; ils ont la face humaine, et la barbe d’un bouc ; ils grimpent sur les arbres pour en manger le fruit. On n’a point à se plaindre de leur férocité lorsqu’on les laisse en paix ; mais, si l’on excite leur colère, ils descendent furieusement, ils tombent sur ceux qui les irritent, et, les frappant deux ou trois fois avec la langue, ils emportent toute la chair qu’ils touchent. On voit aisément que cette description convient plutôt à une espèce de singe qu’à un ours.