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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/77

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gnées les unes des autres d’une portée de flèche, avec des embrasures à égales distances. Le haut du mur est en plate-forme pavée de grandes pierres de taille ; et dans les endroits où il passe sur des rochers ou des éminences, on y monte par un escalier de pierre fort doux.

Cette muraille fut commencée et achevée dans l’espace de cinq ans. L’on y employa le cinquième de la population. On rapporte que les ouvriers étaient si près les uns des autres, qu’ils pouvaient se passer les matériaux de main en main. On peut le croire d’autant plus aisément, que l’âpreté du terrain ne permet pas l’usage des chariots, et que dans ces endroits on ne trouvait pas les matériaux nécessaires pour faire de la brique ou du ciment.

« Ce ne fut pas le seul fardeau que les Chinois eurent à supporter dans cette occasion ; ils furent encore obligés d’entretenir une armée nombreuse sur pied pour garder les passages des montagnes et protéger les laboureurs contre les insultes des Tartares, qui ne restaient pas oisifs.

» Il n’y a au monde que les Chinois capables d’une pareille entreprise. On eut pu, à la vérité, trouver ailleurs la même quantité d’ouvriers ; mais il n’y a qu’un peuple aussi spirituel, aussi sobre, et aussi économe que les Chinois qui ait pu maintenir l’ordre parmi cette multitude infinie d’ouvriers, et supporter patiemment les peines et les fatigues insé-