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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/406

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dinand lui donna de belles espérances ; mais Colomb s’aperçut bientôt qu’elles étaient peu sincères. Ce prince, s’il faut s’en rapporter à l’histoire, lui portait une haine secrète, qu’il déguisait, à la vérité, sous le voile de l’estime, mais qui l’empêcha toujours de lui donner la moindre marque de faveur et d’amitié. Il fit proposer à Colomb de renoncer à tous ses priviléges, en lui offrant pour récompense des terres en échange dans la Castille. Il détacha effectivement du domaine une petite ville, nommée Canion de los Condes, à laquelle il joignit quelques pensions ; et tel devait être le fruit d’un si grand nombre de travaux que l’amiral avait essuyés pour la gloire de l’Espagne. Son chagrin en fut d’autant plus vif, qu’il crut devoir conclure que la cour n’observerait pas mieux les promesses qu’elle avait faites à sa famille.

Cette ingratitude de Ferdinand porta le coup mortel à l’amiral. Le dernier jour de sa vie fut le 20 mai 1506, fête de l’Ascension. Il se trouvait alors à Valladolid, d’où son corps fut porté au monastère des chartreux de Séville, et dans la suite, à Espagnola, pour être inhumé dans la grande chapelle de l’église cathédrale de San-Domingo.

Il avait eu du premier mariage don Diègue, qui lui succéda dans ses dignités ; et de Béatrix Henriquez, qu’il avait épousée en Espagne, il eut don Fernand, l’écrivain de sa vie, et qui eut autant d’inclination