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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/118

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grand lac d’eau douce proche d’Amatitlan et de Pétapa ; du côté de Guatimala et de la vallée, elle donne naissance à un si grand nombre de fontaines, qu’elles produisent une rivière qui arrose la vallée et qui fait tourner les moulins de Xocotenango. Cette rivière n’était pas connue au temps de la conquête. Mais autant la vue de la montagne d’eau est agréable, autant l’aspect de l’autre est affreux. On n’y voit que des cendres et des pierres calcinées : jamais l’œil n’y découvre la moindre trace de verdure. Nuit et jour on y entend un bruit sourd semblable au tonnerre ; on en voit sortir des flammes avec des torrens de soufre qui brûlent sans cesse, et qui remplissent l’air d’une vapeur mortelle. Guatimala est situé, suivant le proverbe du pays, entre le paradis et l’enfer. Il s’était fait, avant l’arrivée de Gage, une fort large ouverture, par laquelle il était sorti tant de cendres embrasées, que non-seulement toutes les maisons voisines en avaient été couvertes, mais que les arbres et les plantes s’en étaient ressentis. Une nuée de pierres qui les avait accompagnées n’aurait pu manquer de ruiner la ville, si l’action du feu les eût portées vers les édifices ; mais elles tombèrent à côté dans un fond où elles sont encore, et où ceux qui les voient ne se lassent point d’admirer que la seule impétuosité des flammes ait pu transporter des masses de la grosseur d’une maison, et que vingt mulets, comme on l’a tenté plusieurs