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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/120

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sortait de son lit. Les deux volcans semblaient bouillonner : l’un lançait des torrens d’eau, l’autre des courans de lave enflammée ; la terre montrait partout des crevasses, et après cinq jours d’angoisse, l’abîme s’ouvrit. La ville, avec ses richesses et huit mille familles, s’enfonça dans la terre ; des torrens de boue et de soufre, en se précipitant par-dessus les ruines, les cachèrent à jamais aux yeux des humains. La nouvelle ville est bâtie à quatre lieues de l’ancienne.

Le port de la Trinité est moins renommé par ses avantages maritimes, quoiqu’il soit le seul où les grands vaisseaux puissent aborder sur la côte de Guatimala, que par une espèce de volcan qui n’en est éloigné que d’une demi-lieue, et que les Espagnols regardent comme une des bouches de l’enfer. Ce n’est point une montagne, comme la plupart des lieux auxquels on donne le même nom ; au contraire, le terrain en est fort bas ; mais il en sort continuellement une fumée noire et épaisse qui jette une forte odeur de soufre, et dans laquelle il se mêle souvent des flammes : les Indiens mêmes n’osent s’en approcher ; et ceux qui l’ont entrepris ont payé leur hardiesse par une mort subite ou par d’affreuses maladies dont ils ont eu beaucoup de peine à se rétablir. Un religieux, ami de Gage, n’ayant pas laissé de tenter l’aventure, fut arrêté à la distance d’environ deux cent cinquante pas, par l’épaisseur d’une puante fumée qui le fit tom-