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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/128

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on lui imposait le même nom ; il recevait pendant toute l’année le même culte et les mêmes honneurs. Une garde de douze hommes veillait sans cesse autour de lui, autant pour l’empêcher de fuir que pour fournir à ses besoins, et lui rendre un hommage continuel : il occupait le plus honorable appartement du temple. Les principaux Mosquitos l’y servaient régulièrement. S’il lui prenait envie d’en sortir, il était accompagné d’un grand nombre de courtisans ou d’adorateurs : on lui mettait entre les mains une petite flûte, qu’il touchait par intervalles pour avertir le peuple de son passage. À ce son, les femmes sortaient avec leurs enfans dans les bras, et les lui présentaient pour les bénir. Tous les habitans du bourg marchaient sur ses traces ; mais on lui faisait passer la nuit dans une étroite prison, à laquelle on donnait le nom de sanctuaire. Ces soins et ces adorations duraient jusqu’au jour de la fête : on le sacrifiait alors dans une assemblée générale des deux parties de la nation. Un de leurs usages, qui n’est pas moins singulier, est celui qui regarde les femmes veuves. Après avoir enterré leurs maris, et leur avoir porté sur la fosse à boire et à manger pendant quinze lunes, elles sont obligées, à la fin de ce terme, d’exhumer leurs os, de les laver soigneusement et de les lier ensemble, pour les porter sur leur dos aussi long-temps qu’ils ont été en terre : ensuite elles les placent au sommet de leur cabane, si elles en ont une, ou sur celle de leur