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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/127

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occupent n’a pas plus de quarante ou cinquante lieues d’étendue, et la nation n’est composée que d’environ quinze cents hommes, qui forment comme deux colonies : l’une, qui habite le cap Gracias à Dios ; l’autre, établie dans le canton qui se nomme proprement Mosquito : mais dans les deux habitations il y a beaucoup de Nègres, libres ou esclaves, dont la race est venue de Guinée par une aventure extraordinaire. Un capitaine portugais, qui apportait de Guinée des Nègres au Brésil, les surveilla si mal, qu’ils se rendirent maîtres du vaisseau. Ils jetèrent leur conducteur dans les flots ; mais, ignorant la navigation, ils se laissèrent conduire par le vent, qui les porta au cap Gracias à Dios, où ils tombèrent entre les mains des Mosquitos. Ils ne purent éviter l’esclavage ; mais ils se crurent encore assez heureux. On en compte plus de deux cents, qui parlent la langue du pays, et qui mènent une vie assez douce, sans autre assujettissement que d’aider leurs maîtres à la pêche et de partager les travaux communs de la nation. »

Dampier avoue, comme Oëxmelin, que les Mosquitos n’ont aucun principe de religion. Cependant on a découvert que leurs ancêtres avaient des dieux et des sacrifices. Ils donnaient tous les ans à leurs prêtres un esclave qui représentait leur principale divinité. Après l’avoir lavé avec beaucoup de soin, on le revêtait des habits et des ornemens de l’idole ;