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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/136

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entraient chaque jour au matin dans les appartemens. Leur service se faisait tour à tour et par brigades, qui comprenaient toute la noblesse de l’empire : ils venaient successivement des provinces les plus éloignées. Leur principal poste était les antichambres, où ils étaient nourris de tout ce qui sortait de la table de leur maître, qui leur permettait quelquefois d’entrer dans sa chambre, ou qui les y faisait appeler. Son dessein, comme il l’apprit lui-même aux Espagnols, était moins de les favoriser que de les accoutumer à la soumission, et de connaître par ses propres yeux ceux qui méritaient d’être employés. Ses audiences publiques étaient rares ; mais elles duraient une grande partie du jour, et les préparatifs en étaient imposans. Tous les grands qui avaient l’entrée du palais recevaient ordre d’y assister, et les conseillers d’état y devaient être rangés autour du trône pour être prêts à donner leurs avis sur les points importans ou difficiles. Quantité de secrétaires, placés suivant leurs fonctions, marquaient, avec les caractères qui leur servaient de lettres, les demandes des supplians et les réponses ou les arrêts du prince. Ceux qui voulaient se présenter avaient donné leurs noms à des officiers chargés de ce soin. Ils étaient appelés l’un après l’autre ; chacun entrait nu-pieds et les yeux baissés, en faisant successivement trois révérences, à la première desquelles il disait seigneur, à la seconde monseigneur, à la troisième grand-seigneur. Après