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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/137

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avoir exposé sa demande et reçu la réponse, à laquelle il ne lui était pas permis de répliquer, il se retirait, en répétant les trois révérences sans tourner le dos, et surtout sans oser lever la vue. La moindre faute dans l’observation de ces cérémonies était punie sur-le-champ avec une extrême rigueur, et les exécuteurs du châtiment attendaient le coupable à la porte. L’empereur écoutait les moindres affaires avec beaucoup d’attention ; mais il affectait de répondre avec sévérité. Cependant, s’il remarquait quelque trouble dans le visage ou la voix de celui qui parlait, il l’exhortait à se rassurer ; et lorsque cette exhortation ne suffisait pas, il nommait un des ministres pour l’écouter dans un autre lieu. Montézuma faisait beaucoup valoir aux Espagnols la patience avec laquelle il écoutait les plus ridicules demandes de son peuple.

Il mangeait seul, et quelquefois en public, mais toujours avec le même air de grandeur. On lui servait ordinairement environ deux cents plats, si bien assaisonnés, que non-seulement ils plurent aux Espagnols, mais qu’ensuite l’usage de les imiter passa jusqu’en Espagne. Avant de se mettre à table, Montézuma faisait la revue de tous les mets qui étaient rangés d’abord autour de la salle sur plusieurs buffets. Il marquait ceux qui lui plaisaient le plus. Le reste était distribué entre les nobles de sa garde ; et cette profusion, qui se renouvelait tous les jours, était la moindre partie de