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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/145

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daient plus ou moins sur leurs épaules, suivant le mérite de leurs exploits, qu’on distinguait par le nombre des cordons. On augmentait ce nombre avec beaucoup d’appareil, à mesure que le chevalier se distinguait par de nouvelles vertus, réserve fort adroite, qui mettait des degrés dans l’honneur même, et qui ne laissait jamais refroidir l’émulation. Gomara, qui ne pouvait tenir le détail du couronnement que du témoignage d’autrui, assure qu’il fut témoin des cérémonies avec lesquelles on créait les chevaliers du grand ordre. On les nommait tecuitles ; et cette dignité, qui était la première après l’empereur, n’était accordée qu’aux fils des principaux seigneurs de l’empire. Le récit des épreuves par lesquelles il fallait passer rappelle, quoique avec quelque différence, celles que l’on faisait subir, chez l’un des peuples de l’Afrique, à celui que l’on choisissait pour roi. Celles-ci étaient plus cruelles, les autres étaient plus longues. Les unes et les autres prouvent que, chez les peuples dont la police est imparfaite, le courage de la douleur passe pour la première des qualités morales. Trois ans avant l’initiation, celui qui était destiné à la chevalerie invitait à la fête ses parens, ses amis, les seigneurs de la province et tous les anciens tecuitles. Il paraît que cet intervalle était établi pour donner le temps au public de faire des recherches sur la conduite du novice, et pour former des objections contre son courage et ses mœurs. On n’observait pas moins, sur-