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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/144

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prendre à leur souverain que, les malheurs d’un état venant presque toujours du désordre de l’administration, il devait régner avec tant de modération et de sagesse, qu’on ne pût jamais regarder les calamités publiques comme l’effet de son imprudence, ou comme une punition de ses déréglemens.

On ne connaissait point de plus grand bonheur au Mexique que celui de plaire à l’empereur, et surtout d’obtenir son estime par la voie des armes. C’était l’unique chemin qui fût ouvert au peuple pour s’élever au rang des nobles, et aux nobles mêmes pour arriver aux plus hautes dignités de l’empire. Montézuma, ayant compris de quelle importance il était pour le soutien de sa grandeur d’entretenir cette idée parmi ses sujets, avait inventé des prix d’honneur pour ceux qui se distinguaient à la guerre. C’était une espèce de chevalerie ou d’ordre militaire, qui était distinguée par un habillement particulier et par d’autres marques. Les historiens nomment trois de ces ordres sous les titres de chevaliers de l’Aigle, du Tigre et du Lion, qui portaient la figure de ces animaux pendue au cou, et peinte sur leurs habits. Le même prince avait fondé un ordre supérieur pour les princes et les nobles, où il s’était enrôlé lui-même, pour lui donner plus de considération. Les chevaliers avaient une partie de leurs cheveux liés d’un ruban rouge et de gros cordons de même couleur, qui, sortant d’entre les plumes dont leur tête était ornée, pen-