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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/160

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prêtres écorchaient réellement ; et de leur peau ils revêtaient autant de ministres subalternes, qui se distribuaient dans tous les quartiers de la ville, en chantant et dansant à la porte des maisons. Chacun devait leur faire quelque libéralité, et ceux qui ne leur offraient rien étaient frappés au visage d’un coin de la peau, qui leur laissait quelques traces de sang. Cette cérémonie, qui ne finissait que lorsque le cuir commençait à se corrompre, donnait le temps aux prêtres d’amasser de grandes richesses. Dans quelques autres fêtes, on faisait un défi entre le sacrificateur et la victime. Le captif était attaché par un pied à une grande roue de pierre. On l’armait d’une épée et d’une rondache ; celui qui s’offrait pour le sacrifier paraissait avec les mêmes armes, et le combat s’engageait à la vue du peuple. Si le captif demeurait vainqueur, non-seulement il échappait au sacrifice, mais il recevait le titre et les honneurs que les lois du pays accordaient aux plus fameux guerriers, et le vaincu servait de victime.

La principale fête à l’honneur du dieu Vitzilopochtli était célébrée régulièrement au mois de mai. Quelques jours auparavant, deux jeunes filles, consacrées au service du temple, pétrissaient avec du miel de la farine de maïs, dont on faisait une grande idole. Tous les seigneurs assistaient, à la composition. On faisait ensuite des morceaux de la même pâte, pétris en forme d’os, qu’on nommait la chair de