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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/171

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voyage du monarque dans un autre monde ne se fît point dans les ténèbres, ni sur une route où son odorat fût blessé. Alors on portait le corps au grand temple ; et tous ceux qui composaient le cortége étaient obligés de donner des marques extérieures d’affliction par des cris ou des chants lugubres. Les seigneurs et les chevaliers étaient armés, et tous les domestiques du palais portaient des masses d’armes, des enseignes et des panaches. On trouvait dans la cour du temple un grand bûcher auquel les prêtres mettaient le feu ; et pendant qu’il brûlait, le grand sacrificateur récitait d’une voix plaintive des prières et des invocations. Enfin, lorsque le bûcher était bien enflammé, l’on y plaçait le corps avec tous les ornemens dont il était couvert ; dans le même instant, chacun y lançait aussi ses armes, ses enseignes et tout ce qu’on avait apporté dans le convoi. On y jetait un chien pour annoncer par ses aboiemens l’arrivée de l’empereur dans les lieux par lesquels il devait passer. C’était alors que les prêtres commençaient le grand sacrifice : il fallait que le nombre des victimes fût au moins de deux cents ; on leur ouvrait la poitrine, pour en arracher le cœur, qui était jeté aussitôt dans le feu, et les corps étaient déposés dans des charniers, sans qu’il fût permis d’en manger la chair. Ceux qui avaient l’honneur d’être sacrifiés étaient non-seulement des esclaves, mais aussi des officiers du palais, entre lesquels il y avait aussi plusieurs