Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

titre des présens et des honneurs extraordinaires. Aussi la crainte d’être trompés faisait-elle tenir aux hommes un compte exact de tout ce qu’ils donnaient, pour se faire restituer jusqu’aux moindres bijoux, si leurs espérances sur la sagesse de leurs femmes étaient trompées. Les époux divorcés ne pouvaient se remarier ensemble, sous peine de mort ; mais les femmes avaient la liberté de contracter de nouveaux liens lorsqu’elles en trouvaient l’occasion ; et ceux dont la délicatesse allait si loin pour les filles prenaient sans peine une veuve, ou la femme qu’un autre avait répudiée. Une mère, en mariant sa fille, lui recommandait particulièrement la propreté, le culte des dieux et les soins du ménage. Un père exhortait son fils à bien vivre avec sa femme, à se faire aimer de ses voisins, et surtout à respecter ses supérieurs. Il y avait des formules d’exhortations pour les pères et les mères, comme des règles de conduite pour les enfans ; elles se conservaient dans les familles, et les jeunes gens ne quittaient point la maison paternelle pour s’établir, ou pour changer d’état, sans en prendre une copie dans les caractères qui servaient d’écriture à la nation.

Acosta ne parle jamais sans étonnement de l’art avec lequel un peuple enseveli d’ailleurs dans les ténèbres de l’ignorance et de la barbarie avait trouvé le moyen de suppléer à l’usage des lettres. Il y avait au Mexique une sorte de livres par lesquels on perpétuait non-seulement