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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/196

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du barbare usage d’immoler des victimes humaines, sont ceux qui l’ont conservé les derniers, après l’avoir reçu de leurs ennemis. Ils ne sacrifiaient, à la vérité, que les caftifs qu’ils faisaient dans leurs guerres ; mais ils les hachaient en morceaux, qui se vendaient tout cuits dans les boucheries publiques. Quelques missionnaires espagnols, qui s’étaient hasardés à vivre parmi eux pour les instruire, commençaient à s’applaudir du succès de leur zèle, lorsque, dans une maladie contagieuse, qui faisait beaucoup de ravage, ils furent surpris de voir toute la nation rassemblée sur une haute montagne : c’était pour y sacrifier une jeune fille à leurs anciennes divinités. Les missionnaires s’efforcèrent en vain de les arrêter ; on leur répondit qu’en embrassant un nouveau culte, l’ancien ne devait pas être oublié ; et la jeune fille eut le sein ouvert à leurs yeux. Après le sacrifice, tous les Otomies revinrent tranquillement à l’instruction. La plus singulière de leurs coutumes était celle qu’ils observaient pour le mariage : ils vivaient librement avec toutes les femmes, jusqu’au jour qu’ils choisissaient pour se marier ; mais, lorsqu’ils étaient décidés à contracter l’engagement conjugal, ils passaient une nuit avec la femmes dont ils voulaient faire leur épouse ; et s’ils lui trouvaient quelque défaut, ils étaient libres de la renvoyer : au contraire, s’ils déclaraient le lendemain qu’ils en fussent contens, il ne leur était plus permis d’en prendre une autre ;