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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/195

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point d’honneur de reprendre sa première flèche, et ce préjuge contribuait souvent à la victoire.

Les extravagances de leur polythéisme ne les empêchaient pas de reconnaître un dieu supérieur, mais sans le désigner par aucun nom. Ils admettaient des récompenses et des peines dans une autre vie, des esprits qui parcouraient l’air, neuf cieux, pour leur demeure et pour celle des hommes vertueux après leur mort. Ils croyaient la terre plate, et, n’ayant aucune idée de la révolution des corps célestes, ils étaient persuadés que le soleil et la lune dormaient tous les jours à la fin de leur course : c’étaient pour eux le roi et la reine des étoiles. Ils regardaient le feu comme le dieu de la vieillesse, parce qu’il n’y a point de corps qu’il ne consume. Suivant leurs idées, le monde était éternel ; mais ils croyaient, sur d’anciennes traditions, qu’il avait changé deux fois de forme ; l’une par un déluge, et l’autre par la force du vent et des tempêtes. Quelques hommes qui s’étaient mis à couvert dans les montagnes, y avaient été convertis en singes ; mais par degrés ils avaient repris la figure humaine, la parole et la raison. La terre devait finir par le feu et demeurer réduite en cendres jusqu’à de nouvelles révolutions dont ils ignoraient l’époque.

Les Otomies, que leur haine pour les Mexicains, le séjour de leurs montagnes et leur ancienne simplicité semblaient devoir préserver