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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/21

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prétexte de l’interroger en secret ; et, profitant des informations qu’il avait reçues, il l’obligea à tirer de son sein l’acte du traité signé de tous les complices : il le lut. Il y trouva le nom de quelques personnes dont l’infidélité lui perça le cœur. Cependant il réserva ce secret pour lui-même ; et, se contentant de faire écarter ceux qui s’étaient trouvés chez le criminel, il ordonna que l’affaire fut promptement instruite, sans pousser plus loin les recherches et les preuves. Elle ne traîna point en longueur, Villafagna, convaincu par l’acte que son général avait trouvé sur lui, et se croyant trahi de ses associés, confessa son crime. On lui laissa le temps de satisfaire aux devoirs de la religion, et dès la nuit suivante il fut pendu à la fenêtre de son logement. Cortez, quoique mortellement touché du nombre et de la qualité des coupables, se crut obligé par les circonstances de fermer l’oreille au cri de la justice ; mais, pour éviter tout à la fois la nécessité de punir et les conséquences de l’impunité, il publia sans affectation qu’il avait pris dans le sein de Villafagna un papier déchiré en plusieurs pièces, qui contenait vraisemblablement les noms des conjurés ; qu’il s’estimait heureux de n’en avoir pu lire aucun, et qu’il ne cherchait point à les connaître ; mais qu’il demandait en grâce à ses amis de s’informer soigneusement si les Espagnols avaient quelques plaintes à faire de sa conduite, parce qu’il ne désirait rien de si bonne foi que de satisfaire