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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/22

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ses troupes, et qu’il était aussi disposé à corriger ses propres défauts qu’à recourir aux voies de la rigueur et de la justice, si la modération du châtiment affaiblissait la terreur de l’exemple. D’un autre côté, il déclara que ceux auxquels on avait connu quelque liaison avec Villafagna pouvaient paraître sans défiance ; et le soin qu’il prit de ne laisser voir aucune trace de chagrin sur son visage, ayant achevé de leur persuader qu’il ignorait leur crime, ils recommencèrent à le servir avec d’autant plus de zèle, qu’ils croyaient avoir à laver le soupçon d’une noire perfidie. Cependant il prit occasion de cet événement pour se donner une garde de douze soldats choisis, sous le commandement d’un de ses plus fidèles officiers, et personne ne condamna cette précaution nécessaire qui ajoutait à sa grandeur.

Peu de jours après il eut une autre occasion d’exercer sa fermeté sans pouvoir écouter l’inclination qui le portait à suspendre le châtiment, lorsqu’il espérait quelque fruit de la patience ou de la dissimulation. Xicotencatl, dont il aimait la valeur, et dans lequel il ne considérait pas moins l’attachement que son père avait eu constamment pour les Espagnols, prit tout d’un coup la résolution de se retirer avec deux ou trois compagnies, qu’il obligea par ses instances de l’accompagner dans sa désertion. Il paraît incertain si c’était un reste de ses anciens ressentimens, ou s’il avait reçu quelque nouvelle offense que sa fierté ne