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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/23

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pût supporter. On avait su depuis quelque temps qu’il s’était emporté contre la conduite du général, et qu’il condamnait l’entreprise du siége de Mexico. Les Tlascalans mêmes en avaient averti Cortez, qui s’était contenté, par ménagement pour son père ou pour la république, d’en donner avis aux sénateurs. Cette sage assemblée lui avait répondu « que, suivant les lois de la république, le crime de soulever une armée contre son général méritait la mort ; qu’il était libre, par conséquent, d’exercer la plus rigoureuse justice contre le chef de leurs troupes, et que, s’il revenait à Tlascala, il n’y serait pas traité avec plus de faveur. » Cependant Cortez avait tenté de le ramener par des voies plus douces, jusqu’à lui offrir, par quelques nobles de Tezcuco, la liberté d’exposer ses raisons ou ses plaintes. Mais, apprenant qu’il avait fixé l’exécution de son dessein à la nuit suivante, cette audace à la veille de tirer l’épée pour la décision de cette grande querelle lui parut d’une si pernicieuse conséquence dans le chef de ses plus anciens alliés, qu’il lui fit ordonner de venir sur-le-champ justifier sa conduite. Le fier Américain refusa d’obéir. Aussitôt Cortez fit détacher une partie des Espagnols avec ordre de le saisir vif ou mort. On le trouva prêt à partir. Il se défendit jusqu’au dernier soupir, quoique faiblement secouru par les Tlascalans qui le suivaient ; aussi revinrent-ils dans leur devoir après la perte de leur chef,