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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/236

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Acosta distingue avec raison, dans la Nouvelle Espagne, les animaux quadrupèdes que les Européens y ont apportés, et ceux qui sont propres au pays ; les premiers sont les bœufs, les moutons, les chèvres, les porcs, les chevaux, les ânes, les chiens et les chats. Ils s’y sont multipliés, ajoute-t-il, avec une facilité qui cause réellement de l’admiration : on voit des particuliers qui possèdent jusqu’à cent mille moutons, qu’ils trouvent à nourrir sans peine, en les envoyant dans des pâtis communs, où chacun a la liberté de faire paître ses troupeaux. Les laines seraient une richesse pour le pays, si la qualité des herbes, qui sont fort hautes et souvent trop dures, ne rendait cet avantage presque inutile ; on l’a même négligé longtemps, jusqu’à laisser gâter toutes les laines qui paraissaient trop sèches et trop grossières pour être employées ; mais à la fin quelques Espagnols ont trouvé l’art d’en fabriquer des draps et des couvertures, qui ne servent néanmoins qu’aux Mexicains, et qui n’empêchent pas que les draps d’Espagne ne se vendent fort cher. Ainsi la principale utilité qu’on tire de ces troupeaux innombrables, est d’en avoir à vil prix la chair, le lait et le fromage.

Les vaches et les bœufs ne se sont pas moins multipliés, et rapportent plus d’avantages à la Nouvelle-Espagne. On profite, comme en Europe, du lait, de la chair, et des veaux des vaches domestiques, tandis qu’on emploie les bœufs au travail. Les montagnes et les forêts