Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou estropiés, qui paraissaient hors d’état d’aller chercher de quoi se nourrir. J’en vis un jour plus de vingt sur une des îles Alcranes, le long de la côte d’Yucatan, qui faisaient de temps en temps des sorties en plate campagne pour enlever du butin ; mais ils se retiraient presque aussitôt. Celui qui surprenait une jeune boubie sans garde lui donnait d’abord un grand coup de bec sur le dos, pour lui faire rendre gorge ; ce qu’elle faisait à l’instant. Elle rendait quelquefois un poisson ou deux, de la grosseur du poignet, et le vieux guerrier l’avalait encore plus vite. Les guerriers vigoureux jouent le même tour aux vieilles boubies qu’ils trouvent en mer. J’en vis un moi-même qui vola droit contre une boubie, et qui d’un coup de bec lui fit rendre un poisson qu’elle venait d’avaler. Le guerrier fondit si rapidement dessus, qu’il s’en saisit en l’air avant qu’il fut tombé dans l’eau. »

Ximénès décrit un oiseau du Mexique qu’il appelle monstrueux, de la grandeur du plus gros dindon, et presque de la même forme ; son plumage est blanc, moucheté de quelques petites taches noires ; il a le bec d’un, épervier, mais plus aigu ; il vit de proie sur mer et sur terre : son pied gauche ressemble à celui de l’oie, et lui sert à nager ; du pied droit, qui est semblable à celui du faucon, il tient sa proie dans l’eau comme dans les airs. Ximénès a bien l’air d’avoir voulu s’amuser aux dépens de ses lecteurs, ou bien il a été dupe de sa crédulité.