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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/241

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ment défiant, n’ose attaquer que les petits animaux, et n’est guère plus dangereux que le chat sauvage, dont il a presque les mœurs. Il se tient de préférence dans les lieux remplis de broussailles, et monte fréquemment aux arbres, d’où il descend, dit-on, d’un seul saut. Il tue beaucoup plus d’animaux qu’il n’en mange, uniquement pour lécher leur sang. Il ne cherche pas à faire de mal à l’homme, ne poursuit ni les bœufs ni les chevaux, et ne se hasarde qu’avec les jeunes poulains, les génisses, les moutons. Pris jeune et châtré, il devient aussi doux qu’un chien. On le trouve dans toutes les parties chaudes et tempérées de l’Amérique.

Puisque l’on donnait un lion à l’Amérique, on devait aussi lui attribuer un tigre : le jaguar en reçut le nom : mais on aurait dû plutôt lui appliquer celui de panthère, puisque sa peau est mouchetée et non rayée. La longueur de son corps est à peu près de quatre pieds, la hauteur de deux pieds et demi. Tout le dessus de son corps est fauve, nuancé sur la tête, le cou et les jambes, de taches noires, pleines et irrégulières, et notablement plus grandes aux jambes. Cet animal n’est pas aussi timide ni aussi indolent que quelques voyageurs l’ont écrit ; il se jette sur tous les chiens qu’il rencontre, bien loin d’en avoir peur. Il fait beaucoup de dégâts dans les troupeaux ; il est même dangereux pour l’homme dans des lieux écartés. Mais, lorsqu’il n’est pas poussé par une faim violente, il est d’une défiance ex-