Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont la santé s’était affaiblie jusqu’à ne pourvoir supporter la mer, et d’aller droit à Tumbez, sous la direction de deux hommes de cette contrée, qu’il s’était attachés par ses caresses, et qui commençaient à savoir un peu d’espagnol.

Il prit sa route au sud-est, en remontant la côte, et vingt jours d’une navigation pénible le firent arriver sous une île située devant Tumbez, proche de Puna ; il la nomma Sainte-Claire : elle n’était pas peuplée, mais regardée des habitans du pays voisin comme un sanctuaire, parce qu’en certains temps ils y faisaient de grands sacrifices à quelques idoles de pierre, que les Espagnols ne virent pas sans étonnement. La principale avait une tête d’homme de forme monstrueuse. Mais ils remarquèrent avec plus de joie que leurs guides ne les avaient pas trompés dans l’opinion qu’ils leur avaient donnée de cette côte. En plusieurs endroits de l’île ils trouvèrent quantité de petits ouvrages d’argent et d’or ; tels que des mains, des têtes, et surtout un vase d’argent d’une grandeur assez considérable. Ils trouvèrent aussi des couvertures de laine fort propres et bien travaillées. Leur admiration fut extrême, et Pizarre ne pouvait se consoler du départ de ses premiers compagnons, avec lesquels il comprit qu’il aurait pu former quelque entreprise importante. Les habitans l’assuraient que tout ce qui s’offrait à ses yeux n’était rien en comparaison des richesses du