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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/287

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gnés dans une si charmante contrée, et de les en rendre maîtres. Mais, ayant appris que le cacique de Tumbez avait envoyé à Quito pour rendre compte de leur arrivée au roi Huayna-Capac, ils jugèrent qu’en si petit nombre la prudence ne leur permettait pas de s’exposer aux caprices d’un prince dont toutes les apparences leur faisaient redouter le pouvoir.

Ils gardèrent un des habitans de Tumbez ; et, remettant à la voile, ils s’avancèrent jusqu’au 5e. degré de latitude méridionale, où ils découvrirent le port de Payta, si célèbre depuis dans toutes les relations de cette côte. Plus loin ils trouvèrent celui de Jangérata, vers lequel ils mouillèrent sous une petite île, composée de grandes roches, où ils entendirent d’épouvantables hurlemens. Mais, étant accoutumés à ne s’étonner de rien, ils y envoyèrent quelques braves, dont ils apprirent bientôt que le bruit venait d’une prodigieuse quantité de phoques. Ils doublèrent le cap, qu’ils nommèrent el Aguza ; et, continuant de ranger la côte, ils entrèrent dans un port qui reçut d’eux le nom de Sainte-Croix. Déjà la renommée d’un petit nombre d’étrangers, qui paraissaient pour la première fois dans cette mer s’était répandue dans tous les pays voisins. On y publiait qu’ils étaient blancs et barbus ; qu’ils ne faisaient de mal à personne ; qu’ils ne dérobaient et ne tuaient point ; qu’ils donnaient libérale-