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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/288

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ment ce qu’ils avaient ; qu’ils étaient pieux et humains. Cette réputation, qu’ils ne devaient pas conserver long-temps, fut d’un extrême avantage pour leur entreprise. Ils n’abordaient sur aucune côte où les peuples n’accourussent en foule et ne les reçussent avec autant de confiance que de joie.

Plus loin, au sud, un vent contraire jeta pendant quinze jours les Castillans dans le dernier embarras : ils ne firent que tournoyer, sans pouvoir aborder la côte, qu’ils ne perdaient pas de vue. Les bois et les vivres commençaient à leur manquer. Enfin, s’étant approchés du rivage, à peine eurent-ils jeté l’ancre, qu’ils furent entourés de radeaux chargés de toutes sortes de rafraîchissemens ; mais, comme il fallait aussi du bois, Pizarre fit descendre avec les Américains Alfonse Molina, pour leur en faire apporter. Dans l’intervalle, les vagues, devinrent si fortes, que, dans la crainte de perdre ses câbles et de se briser sur les rochers de la côte, il ne put se dispenser de faire lever l’ancre. Molina eut ainsi le malheur d’être abandonné parmi les Américains ; mais on le crut en sûreté chez une nation si douce. Le vaisseau fut porté par le vent jusqu’à Coluque, entre Tangara et Chimo, lieux où les villes de Truxillo et San-Miguel ont été fondées depuis. Les habitans de cette terre marquèrent tant d’humanité par leur empressement à fournir du bois et des vivres, que le matelot nommé Boca-Negra, charmé de leur