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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/293

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vaux pour suivre la côte par terre. De larges rivières qu’il fallait traverser à leur embouchure, souvent hommes et chevaux à la nage, rendirent cette marche fort pénible. Pizarre trouva des ressources dans son adresse et son courage pour inspirer de la résolution à ses soldats : il aidait lui-même à nager ceux qui se défiaient de leur habileté ; il les soutenait, il les conduisait jusqu’à l’autre bord. Enfin ils arrivèrent sans perte dans un lieu nommé Coaque, situé au bord de la mer, et presque sous l’équateur. Outre les vibres qu’ils y trouvèrent en abondance, ils y firent un tel butin, que pour donner une haute opinion de leur entreprise, et faire naître l’envie de les suivre, ils renvoyèrent deux de leurs vaisseaux, l’un à Panama, l’autre à Nicaragua, dont la charge montait à plus de 30,000 castillans d’or. Il s’y trouva aussi quelques émeraudes ; mais les aventuriers en perdirent plusieurs en voulant les essayer. Ils étaient si mal instruits, que, pour faire cas de ces pierres, ils croyaient qu’elles devaient avoir la dureté du diamant et résister au marteau : ainsi, craignant que les Américains ne pensassent à les tromper, ils en brisèrent un grand nombre, qu’ils jugeaient fausses, et leur ignorance leur causa une perte inestimable. Cependant ils ne tardèrent pas à s’apercevoir que le butin dont ils avaient envoyé les prémices leur vaudrait des secours. Les capitaines Belalcazar et Jean Torrez arrivè-