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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/301

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Dans les anciens temps, disaient-ils, l’aîné des fils d’un inca, nommé Yahuarhacar, avait vu un fantôme d’une physionomie fort différente de celle des habitans du pays. Ils n’ont point de barbe, et leurs habits ne passent pas le genou ; au contraire, ce fantôme qui s’appelait Viracocha, portait une barbe fort longue et sa robe lui descendait jusqu’aux pieds ; il menait d’ailleurs en laisse un animal inconnu au jeune prince. Cette fable était si généralement répandue, qu’à l’arrivée des Espagnols, qui avaient de grandes barbes, les jambes couvertes, et des chevaux pour monture, on crut voir en eux l’inca Viracocha, fils du soleil. Garcilasso fait entendre que ces impressions remplirent Atahualpa de frayeur, et lui ôtèrent le courage de se défendre, en lui persuadant que les guerriers inconnus étaient envoyés par le soleil pour le venger de mille offenses qui l’avaient irrité contre la nation.

La députation d’Huascar étant arrivée au port de Payta, le gouverneur, qui reconnut aussitôt de quelle importance elle était pour ses desseins, se hâta de rappeler les troupes qu’il avait laissées à Tumbez, et s’occupa jusqu’à leur arrivée à jeter sur la rivière de Payta les fondemens d’une ville qu’il nomma Saint-Michel. Il voulait que les vaisseaux qui lui viendraient de Panama, comme il lui en était déjà venu quelques-uns, trouvassent une retraite sûre à leur arrivée. Ensuite, ayant distribué entre ses gens l’or et l’argent qui