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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/307

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pes nombreuses. La marche d’Atahualpa fut si lente, qu’il employa quatre heures à faire une lieue. Il avait autour de lui les principaux seigneurs de sa cour. Ses gens de guerre étaient rangés en quatre corps de huit mille hommes, dont le premier composait l’avant-garde, et deux autres marchaient à ses côtés. Le quatrième, qui faisait l’arrière-garde, eut ordre de s’arrêter à quelque distance.

Atahualpa, s’étant avancé avec les trois premiers, et voyant les Espagnols en bataille, dit à ses officiers : « Ces gens sont les messagers des dieux, gardons-nous bien de les offenser ; il faut au contraire que nos civilités les apaisent. » En même temps Vincent de Valverde marcha vers lui, une croix de bois dans une main et son bréviaire dans l’autre. Ses cheveux coupés en couronne étonnèrent l’inca, qui, pour ne pas manquer à ce qui lui était dû, voulut savoir de quelques Américains familiers avec les Espagnols quelle était sa condition. Ils lui dirent que c’était un messager de Pachacamac. Valverde ayant demandé et obtenu la permission de parler, commença un assez long discours, divisé en deux parties, que Garcilasso nous a conservé. Son exorde roule sur la nécessité de la foi catholique ; il passe ensuite à la trinité, aux châtimens et aux récompenses d’une autre vie, à la création, à la chute d’Adam, dans laquelle toute sa race est comprise, à l’exception de Jésus-Christ. Il parle de la naissance