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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/311

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au Pérou peu d’années après cet événement, avait connu la plupart des acteurs espagnols et péruviens. Son récit porte un air de vérité qu’on ne peut mieux lui conserver qu’en le donnant dans les termes de Chauveton, son vieux traducteur. L’importance de l’événement permet ces détails. « Cependant il venait nouvelles sur nouvelles au roi Atabaliba[1] comme les chrétiens s’avançaient. On lui donnait à entendre qu’ils étaient en petit nombre, las, et qu’ils ne pouvaient cheminer, s’ils n’étaient montés sur de grands daces (ils appellent ainsi les chevaux en ce pays-là). Quand il ouït cela, il se mit à rire de ces barbus ; et cependant il renvoya d’autres ambassadeurs vers les Espagnols leur dire que, s’ils aimaient la vie, ils se donnassent bien garde de passer plus avant. Pizarre leur répondit qu’il n’y avait remède, et qu’il fallait qu’il vît la grandeur et magnificence de sa majesté, avec honneur et révérence, toutes fois, qu’à si grand seigneur appartenait ; et quant et quant fait doubler le pas à ses gens, et pique lui-même. Comme il approchait de Cassiamalca, il envoie quelques capitaines et chevau-légers devant pour reconnaître un peu l’état et la contenance du roi, lequel s’était restré à demi-lieue de là pour la venue des étrangers. Ces capitaines espagnols, comme ils furent à la vue des gens du roi, commencèrent à manier leurs chevaux, les faire pas-

  1. Prononciation corrompue d’Atahualpa.