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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/312

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sader et voltiger devant eux, dont les poures Américains étaient aussi ébahis que s’ils eussent vu quelques monstres tout nouveaux ; mais le roi n’en fit point d’autre semblant, ni ne changea sa contenance pour cela, ains se courrouça seulement du peu de respect et révérence que ces barbus avaient porté à sa majesté. Fernand Pizarre, qui était là, lui fit entendre par truchement qu’il était le frère du colonel de l’armée des Espagnols, lequel était venu de la Castilie par commandement du pape et de l’empereur, qui désiraient avoir son alliance. Et pourtant qu’il plût à sa majesté s’en venir jusqu’en la ville de Cassiamalca, pour entendre là de grandes choses que le colonel avait charge de lui dire ; et que, puis après, il s’en retournerait en son pays. Atabaliba répondit en deux mots qu’il ferait tout cela, moyennant que l’autre se retirât et sortît de son pays.

» Fernand Pizarre s’en retourna vers ses gens avec une si courte réponse, bien ébahi au reste de la richesse et magnificence superbe de la cour et du train de ce roi Atabaliba, et en fit aussi émerveiller beaucoup d’autres Espagnols quand il le leur conta. Quant à la réponse et volonté du roi, il leur dit en somme qu’il en était là résolu de ne souffrir point de gens barbus en son pays. Cette résolution entendue, les capitaines employèrent toute cette nuit-là à préparer armes, mettre leurs gens en ordre et les encourager, leur montrant qu’il