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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/328

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un fruit de l’éducation, mais, poussant plus loin ses raisonnemens, il conclut qu’un homme à qui l’éducation avait manqué devait être d’une basse extraction, et d’une naissance inférieure à celle des soldats qu’il voyait mieux instruits ; ce qui lui donna pour le gouverneur un fonds de mépris qu’il n’eut pas la prudence de dissimuler.

D’un autre côté, Philippillo, pour qui la confiance de Pizarre était excessive, vint jeter d’autres alarmes dans l’esprit des Espagnols. Il prétendit avoir découvert qu’Atahualpa prenait des mesures secrètes pour les faire massacrer tous, et qu’il avait déjà fait cacher dans plusieurs endroits un grand nombre de gens bien armés, qui n’attendaient que l’occasion. Tous les historiens contiennent que l’examen des preuves ne pouvant se faire que par cet interprète, il était maître de tout expliquer suivant ses intentions : aussi n’est-on jamais parvenu à découvrir exactement la vérité de son accusation, ni celle de ses motifs. Quelques-uns ont cru qu’étant amoureux d’une des femmes de l’inca, et s’en étant fait aimer, il avait voulu s’assurer un commerce paisible avec elle par la mort de ce prince. On assure même qu’Atahualpa, informé de cette intrigue, en avait fait des plaintes amères au gouverneur, en lui représentant qu’il ne pouvait souffrir, sans un mortel chagrin, de se voir outragé par un vil sujet, qui n’ignorait pas d’ailleurs la loi du pays ;