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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/329

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qu’elle condamnait au feu, non-seulement ceux qui se rendaient coupables d’un si grand crime, mais ceux même qu’on pouvait convaincre de l’intention de le commettre ; que, pour en témoigner plus d’horreur, on faisait mourir le père, la mère, les enfans et les frères de l’adultère, et que la rigueur s’étendait jusqu’à sa maison, ses bestiaux et ses arbres, qu’on détruisait sans en laisser aucune trace. Mais, juste ou non, l’accusation de Philippillo fut écoutée ; en vain le malheureux prince s’efforça de se justifier : sa mort était résolue. Cependant, pour donner une couleur de justice à cette violence, on observa quelques formalités dans le procès. Pizarre nomma des commissaires pour entendre l’accusé, et lui donna un avocat pour le défendre ; comédie barbare, puisque toutes ses réponses devaient passer par la bouche de son accusateur : elles ne laissèrent point de lui faire des partisans. Quelques gens de bien, qui n’entraient point dans le conseil inique de leurs chefs, déclarèrent qu’on ne devait point attenter à la vie d’un souverain sur lequel on n’avait pas d’autre droit que celui de la force ; que, s’il paraissait coupable, on pouvait l’envoyer à l’empereur, et lui en abandonner le jugement ; que l’honneur de la nation espagnole y était engagé ; qu’il était odieux de faire périr un prisonnier après avoir touché une grande partie de la rançon dont on était convenu pour sa vie et sa liberté ; enfin qu’une action si noire allait