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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/332

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part à cette sentence atroce n’échappèrent point à la punition.

La mort des deux frères laissant le Pérou sans chef, il ne se trouva personne qui entreprît de venger celle d’Atahualpa. La plupart, remplis de l’idée du fantôme de Viracocha, et persuadés par la conduite même des deux derniers rois, que les Espagnols étaient fils du soleil, leur rendaient des hommages peu différens de l’adoration. Cependant quelques généraux tentèrent de se soutenir du moins dans l’indépendance. Ruminagui, qui s’était retiré à Quito avec cinq mille hommes, s’y saisit des enfans d’Atahualpa, et ne se promit pas moins que de s’emparer du trône. Ce prince, peu de temps avant sa mort, lui avait envoyé Illescas, son frère, pour lui recommander ses fils, et le charger de leur éducation. Ruminagui les fit arrêter ; ensuite, apprenant la mort de son maître, il fit étrangler ces jeunes princes. Quelques officiers péruviens ne laissèrent point de transporter à Quito le corps d’Atahualpa pour l’ensevelir près de son père et de ses ancêtres maternels, suivant l’ordre qu’il en avait laissé en mourant, et Ruminagui affecta de le recevoir avec de grands témoignages de respect : il lui fit de magnifiques funérailles, et le déposa lui-même dans le tombeau de ses pères ; mais il termina cette solennité par un grand festin, où tous les capitaines furent égorgés avec Illescas.