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fin ils faisaient prier le gouverneur de renvoyer au plus tôt cette capitulation à la cour Impériale, pour en obtenir la ratification. Quant à la proposition qu’on leur fit d’embrasser le christianisme, leur réponse mérite d’être remarquée.

Ils dirent « que, loin de rejeter la religion chrétienne, ils souhaitaient d’en être instruits ; qu’ils priaient le gouverneur de leur envoyer des prêtres, et qu’ils en témoigneaient leur reconnaissance ; qu’ils savaient bien que la religion des Espagnols était meilleure que celle de leur pays ; que leur inca Huayna Capac les en avait assurés avant sa mort, et leur avait recommandé d’obéir à des étrangers qui arriveraient bientôt dans ses états ; que cet ordre d’un roi dont ils honoraient beaucoup la sagesse et la bonté les obligeait de servir les Espagnols aux dépens même de leur vie, comme Atahualpa leur en avait donné l’exemple. » Quel témoignage authentique contre les Espagnols que cette docilité des Péruviens ! Comment peuvent-ils colorer leur tyrannie et leur cruauté du prétexte de la religion ? N’est-il pas évident, au contraire, qu’ils firent détester à force de crimes cette même religion que les peuples du Pérou étaient près d’embrasser et de chérir ?

Titu-Autachu mourut peu de temps après le départ des prisonniers espagnols. Ayant d’expirer, il fit appeler Quisquiz et les autres ca-