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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/349

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d’assister à une fête, avec promesse de lui en rapporter une statue de Huayna Capac, son père, fort vantée, parce qu’on la disait d’or massif : Fernand ne fit pas difficulté d’y consentir. Le lieu de cette fête se nommait Youcay ; c’était une maison de plaisance, où se rassemblèrent quelques vieux capitaines qui s’étaient retirés dans les montagnes après la mort de Quisquiz, et qui gémissaient des malheurs de leur patrie. Manco leur exposa la capitulation réglée avec les Espagnols. Il leur représenta qu’au lieu de l’exécuter, ils l’amusaient de vaines promesses, ils bâtissaient des villes, et partageaient entre eux ses états. Il leur peignit des plus vives couleurs l’indignité de sa prison, et d’autres outrages qu’il n’avait pas cessé d’essuyer. Enfin il leur déclara qu’il était résolu de ne plus se remettre au pouvoir de ses tyrans. L’effet de cette harangue fut un engagement unanime de prendre les armes pour secouer le joug étranger. Sur un ordre de l’inca, tous les Péruviens qui n’étaient pas observés de trop près se soulevèrent depuis los Reyes jusqu’aux Chicas, c’est-à-dire dans un espace de plus de trois cents lieues. Ils se virent en peu de jours deux armées nombreuses, dont l’une marcha vers los Reyes, pour y accabler le marquis, et l’autre alla fondre sur Cusco. Dans le premier trouble des Espagnols, elle se saisit de la forteresse, qu’ils eurent beaucoup de peine à reprendre, après un siége de six ou sept jours. Jean Pizarre y fut