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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/360

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ses représentations, elle avait accordé à ses nouveaux sujets des lois de douceur. L’audience royale de Cusco et celle de los Reyes devaient s’établir sur les mêmes principes que celle du Mexique ; et les Américains du Pérou devaient être traités comme peuples conquis, et non comme esclaves. Blasco de Véla fut nommé président de la juridiction royale, et chargé de faire exécuter les nouveaux règlemens. C’était un homme ferme jusqu’à la dureté, et qui dans une commission de bienfaisance, mit une rigueur tyrannique très-propre à détruire tout le bien qu’on voulait faire. La conquête était récente ; et ces guerriers qu’on avait récompensés en leur donnant des terres avec un certain nombre d’esclaves pour eux et pour leurs enfans, se plaignaient, non sans quelque raison, qu’on leur manquait de parole, et qu’on leur arrachait une fortune qui était le prix de leurs travaux. De la douceur, des ménagemens, des indemnités, voilà ce que prescrivait cette prudence qui veut de la mesure dans le bien et qui ne permet pas de léser l’un pour soulager l’autre. Véla ne répondait aux représentations et aux plaintes que par des punitions et des outrages. Il déployait ce faste d’autorité trop ordinaire dans ceux de son état qui se plaisent trop souvent, par une sorte de rivalité mal entendue, à écraser la fierté militaire sous le rigorisme de la loi. Castro lui-même, quoique très-soumis aux ordres de la cour, fut mis en prison sous les soupçons les plus légers et les