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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/361

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plus injustes. Véla semblait armé contre tout autre pouvoir que le sien, et se plaisait à prévoir et à supposer la résistance pour avoir droit de punir. Bientôt le soulèvement fut général : c’est au milieu de cette fermentation que périt Manco Inca. Après ses premiers efforts contre la puissance espagnole, il s’était retiré dans les montagnes. Quelques partisans du jeune Almagro, qui s’étaient enfuis dans le même asile, crurent le moment favorable pour faire leur traité avec le président, alors ennemi du gouverneur. Ils lui firent demander de la part de Manco Inca et de la leur la permission de le venir trouver et de lui offrir leurs soumissions et leurs services. Ils l’obtinrent aisément d’un homme qui ne songeait qu’à grossir son parti, et qui se sentait flatté d’avoir entre les mains l’héritier du trône d’Atahualpa. Mais un événement étrange et imprévu trompa ses espérances. Gomez Perez, celui qui avait été député auprès de Véla, était retourné dans la retraite de l’inca pour lui annoncer le succès de sa négociation. Ils jouaient ensemble, Manco s’aperçut que Perez le trompait : il prit à part un de ses officiers, et lui ordonna de tuer Perez la première fois qu’il le verrait tromper au jeu. Une femme entendit cet ordre, et le redit à Perez, qui sur-le-champ tira son poignard et perça Manco Inca d’un coup mortel. Les Péruviens, indignés, massacrèrent Perez et les Espagnols ; et, choisissant pour leur chef le fils du prince mort, ils se cachèrent dans les