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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/375

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tés qu’il eut peine à soutenir. Enfin il apprit de quelques habitans que le cacique était sur un petit lac que les Espagnols ont nommé lagune du Commandeur, et qui a deux lieues de circuit ; c’est apparemment une des deux parties du lac de Xaragua. Il restait huit lieues d’un chemin dont les difficultés paraissaient insurmontables. Sur toute la route il n’y avait pas une seule branche coupée, ni la moindre trace qui pût faire juger qu’on y eut jamais passé : c’était une précaution du cacique pour empêcher qu’on ne pût découvrir sa retraite. Il fallait tout le courage du général espagnol. Chaque pas qu’il faisait dans un pays inconnu lui offrait des difficultés capables de l’effrayer. Enfin il arriva dans un village dont les maisons étaient assez bien bâties, où les vivres étaient en abondance, avec toutes les commodités dont les Américains avaient l’usage, mais sans un seul habitant ; il défendit encore qu’on y prît rien ; et seulement il s’accommoda de quelques calebasses qu’il fit remplir d’eau, parce qu’il en avait un extrême besoin. Après cette habitation il trouva un chemin fort large, qui avait été coupé dans les bois, et qu’il ne suivit pas long-temps sans rencontrer quelques Américains. Ses caresses et le petit nombre de ses gens les ayant rassurés, il apprit d’eux que le cacique n’était qu’à une demi-lieue de là ; mais que, pour aller à lui, il fallait marcher dans la lagune avec de l’eau jusqu’aux genoux, et quelquefois